Le nombre de consultations en santé mentale a bondi de 30 % en dix ans, selon l’Organisation mondiale de la santé. Certains épisodes de détresse peuvent basculer soudainement dans des formes aiguës, touchant des personnes de tous âges, parfois sans antécédent connu.
Pour les soignants, il existe plusieurs formes de crises psychologiques, chacune imposant des réponses adaptées. Les distinguer permet d’agir plus vite et de limiter les séquelles, parfois invisibles mais lourdes à porter.
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Crises psychologiques : de quoi parle-t-on vraiment ?
Dans l’univers de la santé mentale, le terme crises psychologiques désigne une multitude de situations. Que l’on vive à Paris ou dans une petite ville, psychologues et psychiatres décrivent des troubles psychiques aigus, souvent à la frontière du trouble mental et du malaise passager. Une crise surgit, parfois à la vitesse de l’éclair, bouleversant l’équilibre intérieur, accompagnée de symptômes intenses : anxiété qui écrase, panique brutale, comportements inhabituels, pensées qui tournent en boucle, ou encore sensation de ne plus habiter son propre corps.
Cette notion recouvre des épisodes très variés, des troubles anxieux à la crise de panique, en passant par la crise existentielle ou des manifestations propres à certains troubles de la personnalité. Les classifications officielles, DSM, CIM, regroupent ces troubles mentaux selon des critères précis, mais la réalité du terrain dépasse souvent ces catégories. On rencontre ainsi fréquemment des troubles anxieux, des variations du trouble bipolaire, certains troubles de la personnalité et le syndrome de stress post-traumatique (ESPT).
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Chaque type de crise s’exprime à sa façon, avec des signes caractéristiques. Voici, par exemple, comment elles se manifestent :
- Crise d’angoisse : montée soudaine d’anxiété, oppression dans la poitrine, sensation d’étouffement.
- Attaque de panique : peur extrême, impression de perdre pied, symptômes physiques intenses.
- Crise existentielle : remise en cause profonde, perte de repères, impression de vide.
Face à cette diversité, le repérage n’est pas toujours évident. Pourtant, savoir reconnaître ces épisodes et comprendre leurs particularités ouvre la voie à un accompagnement adapté et limite le risque de voir les troubles psychiques s’installer ou s’aggraver.
Pourquoi surviennent-elles ? Causes et signes à repérer
Les crises psychologiques n’apparaissent jamais sans contexte. Un traumatisme, un choc émotionnel, ou un stress répété peuvent en être le déclencheur. L’Inserm rappelle que l’événement traumatisant,accident, agression, deuil,laisse souvent une trace profonde. La mémoire traumatique s’ancre parfois dès l’adolescence ou l’âge adulte, fragilisant l’équilibre mental sur la durée. La psychiatre Muriel Salmona le souligne : le passé s’invite dans le présent et prépare le terrain à l’état de stress post-traumatique ou à des troubles anxieux généralisés.
À cela s’ajoutent des facteurs génétiques et neurobiologiques : l’hérédité pèse dans la balance, tout comme certaines fragilités métaboliques ou des réactions à des médicaments. L’isolement social, la précarité matérielle, les ruptures affectives, ou un environnement hostile augmentent le risque, notamment dans les grandes agglomérations.
Pour anticiper, il faut savoir repérer les signaux d’alerte. Les symptômes évoluent d’une personne à l’autre : anxiété qui ne lâche plus, sommeil perturbé, irritabilité, épisodes de panique, retrait progressif. Parfois, c’est une fatigue constante ou des passages soudains de l’excitation à l’abattement qui interpellent. Bien souvent, l’entourage minimise ces signes, mais les soignants les scrutent avec attention.
Voici des indices qui doivent inciter à la vigilance :
- Survenue brutale d’angoisses ou de peurs démesurées
- Changements notables dans l’humeur ou la façon de se comporter
- Altération durable de la concentration ou du lien aux autres
Plus tôt ces signes avant-coureurs sont repérés, plus il devient possible d’agir. En France, selon l’Inserm, les premiers troubles psychiques s’installent souvent à l’entrée dans la vie adulte : un moment charnière où tout peut basculer.
Les 3 types de crises psychiques les plus fréquents et leurs particularités
Sur le terrain, trois formes de crises psychologiques se détachent nettement. D’abord, la crise d’angoisse. Elle est parfois confondue avec le trouble anxieux généralisé, mais frappe par son intensité : tension interne, vague de peur incontrôlable, cœur qui s’emballe, impression de manquer d’air. Beaucoup décrivent une sensation de suffocation, parfois doublée de sueurs froides et de vertiges. Cette crise peut surgir dans la rue, au travail, sans prévenir. Un étudiant, par exemple, peut se retrouver tétanisé juste avant un oral, incapable de reprendre le dessus.
Autre scénario : la crise de panique ou attaque de panique. Son arrivée est foudroyante, sa violence déstabilise. Les symptômes culminent en quelques minutes : sensation de mort imminente, perte totale de contrôle, tremblements, cœur qui cogne, impression de se détacher de la réalité. Ce tableau, identifié par le DSM et la classification internationale des maladies (CIM), appartient aux troubles anxieux mais exige une prise en charge spécifique. Quand elles se répètent, ces attaques poussent à éviter certains lieux ou situations, alimentant un cercle vicieux.
Enfin, la crise existentielle agit en profondeur. Elle s’invite lors de ruptures de vie, d’événements marquants, ou dans le cadre de certains troubles de la personnalité. Le sentiment de vide domine, la perte de sens s’impose, l’identité vacille. L’adulte comme l’adolescent peut se retrouver submergé par des questions sans réponse, une angoisse diffuse, une peur de la mort ou de l’absurde. Pour les cliniciens, elle se distingue de l’épisode dépressif par le doute existentiel et la remise en cause de soi.
Pour résumer les différences, voici leurs principaux traits :
- Crise d’angoisse : anxiété persistante, manifestations physiques, peur incontrôlée
- Crise de panique : survenue brutale, terreur intense, symptômes physiques extrêmes
- Crise existentielle : questionnement profond, perte de repères, fragilité identitaire
Quels soutiens et solutions pour mieux traverser une crise psychique ?
Se retrouver seul face à une crise psychologique multiplie la souffrance. Le soutien social joue alors un rôle décisif : famille, amis, groupes d’entraide, associations. Dans une grande ville comme Paris, l’isolement peut amplifier la détresse liée aux troubles psychiques ou troubles anxieux. S’entourer, briser le silence, permet de réduire la pression et d’oser demander l’aide de professionnels.
La prise en charge médicale se construit sur plusieurs axes. Les thérapies cognitives et comportementales (TCC) sont parmi les plus efficaces pour apprivoiser les troubles anxieux : elles modifient les pensées, les réactions, redonnent prise sur le quotidien. La psychothérapie psychodynamique explore l’histoire de la personne, ses conflits intérieurs, et s’avère utile pour les troubles de la personnalité ou les crises existentielles. Les thérapies de groupe offrent un espace pour partager, sortir de l’isolement et retrouver confiance en soi.
Dans certains cas, les médicaments s’imposent : benzodiazépines pour calmer une anxiété aiguë, antidépresseurs en cas de crise prolongée, beta-bloquants pour apaiser les réactions physiques. Les recommandations de l’Inserm encouragent une prescription raisonnée, toujours accompagnée d’un suivi, pour limiter les risques de dépendance ou d’effets secondaires.
La clé reste la prévention, ancrée dans des habitudes simples : rythme de sommeil régulier, activité physique, exercices de relaxation ou de méditation. Des méthodes comme l’EMDR se révèlent efficaces dans la gestion des traumatismes. Dialoguer sans tabou avec les professionnels de santé mentale aide à ajuster les réponses et à retrouver progressivement un sentiment de sécurité intérieure.
Reconnaître une crise psychologique, c’est déjà amorcer la sortie du tunnel. Mieux informé, chacun peut détecter les signaux faibles, soutenir un proche ou soi-même, et refuser que la souffrance se taise. Reste à inventer, collectivement, des espaces où la santé mentale ne sera plus reléguée dans l’ombre.